Peler la pelote avec le nez

 

Les rencontres avec un-e patient-e sont toutes uniques, comme toute rencontre humaine.

D’ailleurs, que « ça » le fasse ou pas, il y a toujours la magie de « qu’est ce qui fait qu’une personne qui a une demande peut commencer à imaginer de faire confiance à un tiers »… Je ne parlerai pas ici de transfert/contre-transfert…

Puis, l’engagement venant, je/nous rend-on-s compte que chaque séance est unique. Bien évidemment, je ne suis pas naïf, il y a toujours une part d’historicité et d’historisation… Nous n’entendons pas toujours des choses extraordinaires, des choses si différentes, comme des découvertes « pépites »…

Mais, tout de même, chaque séance est unique.

Unique, parce que le mouvement de la vie fait qu’il est un fait unique que de venir « parler de soi à soi à un tiers »… Lui même doté de sa propre histoire… A lui, unique… Dans son flux historique… C’est un croisement de flux… un carrefour de mouvements psychiques, une rencontre, toujours.

Il y a longtemps, chez moi, l’unicité de la séance était principalement liée au fait que pour le/la patient-e, qu’il/elle soit le/la premier/e de la journée, c’était toujours « sa » séance de la journée.
Aujourd’hui, pour moi aussi, c’est toujours « ma » séance de la journée… Indépendamment des autres… Ce que j’y vis est forcément unique.

Toutefois, il y a dans ce tableau idyllique un hic.

Le hic et nunc, c’est que la mélodie / scénario de la séance peut parfois être la même.
Avec certain-e-s c’est le démarrage, l’incipit, l’attaque qui est important. J’arrive, je pose mon sac.

Pour d’autres, c’est un léger trouble… Une inflexion de la voix.

Pour d’autres encore, il faut attendre la chute. Plus les défenses sont présentes, plus la chute est longue à venir. Encore une lapalissade.
Et d’autres où il faut « tirer les vers du nez », poser les questions, imaginer les blancs, sauter trois idées et revenir, comme un parcours d’énigmes dont vous êtes le héros… Archéologue dans mon fauteuil à la Indiana Jones…
Et, tout compte fait je me rends compte en écrivant la variété, il y a celles et ceux dont il faut attendre le strip-tease lent et lancinant, un déshabillage qui ressemble à un pelage d’oignon…
Au début, j’ai l’impression d’une immense pelote de laine…
Puis, plus je file, plus je me rends compte que la pelote est petite, petite, petite, presque la même que la métaphore des poupées russes… La dernière poupée est minuscule…

Tout ça pour ça ?

Non. La fragilité de la chose apparue méritait ce temps du déshabillage…

Même si, avec la bouteille, l’odeur du bouchon rend compte de la conservation, le premier nez identifie les arômes à venir, le deuxième nez les couleurs à venir et le gouleyant de la rétro-aspiration fera le reste.