nausées

 

Midi cinq.

 

Je sors du métro, je suis attaqué par la fraîcheur printanière qui m’assaille.

 

C’est l’heure du déjeuner, tout le monde se presse.

 

Au beau milieu de la foule, une petite fille, elle doit avoir cinq six ans, une jeune rom, tsigane ou gitane, je ne sais plus comment il faut dire…

 

La petite fille ne mendie pas. Elle ne demande rien, elle tient entre ses petites mains un poulet sous son sachet plastique et une barquette de cuisses de poulet sur ses genoux.

 

Elle regarde le poulet qu’elle caresse affectueusement, comme un bon gâteau, elle le soupèse, elle le tient dans ses bras.

 

Le monde qui tourbillonne autour, ces gens pressés qui vont déjeuner en sortant de leur bureau, ne la perturbe pas.

Son monde est ce poulet dont je sens qu’elle salive déjà de manger…

Poulet rôti ? Poulet en sauce ?

Qu’en sais-je…

Mais dans ce regard tendre de cet enfant, je soupçonne le même regard tendre que celui de la femme future adulte qu’elle sera envers un homme amant rêvé ou vers son futur bébé.

 

Est-ce cela le monde dans lequel nous vivons ?

J’en ai la nausée, la gorge nouée, moi qui vais pouvoir – je ne sais pour combien de temps encore – m’offrir un repas chaud.