répéter

J’écris quasiment tous mes petits billets sur mon iPhone.
Depuis le début, c’est sur un téléphone que j’ai le plus écrit, surtout depuis que la Pomme a inventé cette chose étrange nommée téléphone intelligente.
Puis, la magie des « nuages » faisant, ce même texte se retrouve sur mon ordinateur et je le publie dessus après l’avoir relu plusieurs fois.
Après quelques temps, je le relis sur le site et je corrige les coquilles, quelques tournures de phrases qui ne sonnent pas bien et je remets en ligne.

Longtemps, je ne les relisais pas ces billets. C’était mon vécu. Mon passé, la trace laissée sur le chemin de ma vie professionnelle, d’autant que je parle la plupart du temps de ma clinique individuelle et non de ma clinique de l’accompagnement des groupes ou des institutions. Quoi que… Parce que depuis que je relis, je me rends compte que je parle de mes deux manières de travailler en tant que psy. Accompagner des personnes, accompagner des groupes dans les institutions.

Et parfois, je me relis… des mois plus tard… des années plus tard… Je lance un clic sur le bouton « se hasarder ». J’adore parfois la magie des logiciels de gestion de données… Abracadabra ! WordPress, sors moi un billet aléatoirement !

Ce qui m’amuse, c’est de me rendre compte à quel point je parle souvent des mêmes choses qui font que je suis le « terra-piste » que je suis.

Un aparté.
En cet instant, j’invente ce nouveau terme… la « piste de terre ». Je dis souvent que j’accompagne sur un chemin qu’empruntent mes patient-e-s, car je ne suis pas Guide, je n’en ai même pas la carte. En revanche, j’ai l’expérience d’avoir voyagé. De pouvoir raconter ce qu’est la steppe mongole, une randonnée dans les Pyrénées où les levadas de Madère. Mais je ne suis jamais allé en Groenland ni en Swaziland, ni en Thaïlande… il y a tellement de Länder !

Je parle souvent du Phare… dans ma pratique quotidienne de clinicien. Ce bâtiment re-père qui résiste aux déferlantes océaniques.

Je parle aussi mon aversion épidermique au jargonnage qui ne s’est pas dissous dans le langage ordinaire de monsieur et madame Toutlemonde.

Je parle régulièrement de ma fatigue et de ma misanthropie. Ce besoin vital que j’ai de faire des choses concrètes avec mes mains, pour me reconnecter au réel et ne pas me perdre définitivement dans l’ailleurs et l’au-delà dans lesquels mes patient-e-s me trainent…

Un autre aparté.
C’est vrai. J’oublie. Que j’ai écrit aussi des choses différentes de ces billets de psy. Quelques nouvelles… parfois mal ficelées. Je me rends compte que je n’en écris plus. Comme on dit souvent… il faudrait que je le fasse… sourires…
J’ai écrit en écriture automatique des poésies de succession rapide de mots associés…

Je parle aussi des mes consœurs et confrères dont je n’apprécie que moyennement la compagnie… voire même que je déteste royalement. Je n’aime pas les psys en général, celles et ceux qui se réfugient derrière des mots savants que seul-e-s les initié-e-s peuvent comprendre. Quand on va voir un psy, qu’est-ce qu’on en a à foutre de ses mots savants qui dansent comme les chiens de cirque ?

Je parle bien sûr de mes croyances, Cet anesthésiant, opium du peuple, qui, existait d’ailleurs bien avant Marx ou Freud… qui soit dit en passant étaient juifs et si Sigmund n’avait pas été empreint de judaïsme n’aurait pas pu inventer la psychanalyse. Ma cosmogonie est polythéiste, je l’ai déjà dit. Je fais partie de ces gens que les monothéismes persécuteront toujours au Nom de l’Un. Car l’être humain aime simplifier les choses au lieu de les prendre simplement… Puis, disons-le autrement, si tout est dieu, c’est aussi compliqué de faire du commerce…

Évidemment, je parle du travail. Pas que de l’activité professionnelle comme diraient certains. De la centralité du travail dans la construction identitaire et surtout du travail clinique aussi. Des consœurs et confrères m’ont déjà reproché de ne pas être un clinicien car je ne parle pas comme eux… C’est ainsi que nos métiers vont mourir… Quand il dégénère dans l’entre-soi, dans l’incestualité des sachants qui sont convaincues qu’ils n’ont plus besoin de dire pour se faire comprendre et qui énoncent des absurdités interprétées comme des éclairs de génie. Moi perso, ils m’emmerdent ces gens.

Bien sûr, évidemment ! Imperturbable, je parle du soin, de soigner, de prendre soin. De la kliniké, être au chevet de… pourtant, c’est ce dont les psys parlent le moins. On parle de vignettes (cliniques), d’exposés (cliniques), de pratiques (cliniques)… peu de cet acte qu’est le soigner. Parce que le soin, c’est la vie. Et quand on a conscience de la fragilité et la vitalité de celle-ci on en prend soin. On l’aime. Profondément et intensément.
Et dans cette fragilité là, je parle toujours du combat. Car c’est un sport de combat la psy. Une prise de risque, non pas parce que les patient-e-s me confient leurs histoires. Non, je parle de l’engagement corporel que cela demande, la présence psychique et la résonance qui va avec. Bim bam boum. Paf.

Un troisième aparté.
Depuis que je me suis mis à écrire ce billet, je relis via mon « clique hasard » les anciens billets. Je me rends compte à quel point il y a cinq, six, sept ans, je souffrais de mon écoute. Je l’ai toujours dit et pensé que la « bouteille » ça se remplit à coup de baffes. Je réalise en me relisant qu’aujourd’hui, si je n’éprouve pas une étrangeté à celui que j’étais alors, j’éprouve de la sympathie. C’est vrai que ça me percutait plus avant. La question qui demeure est d’identifier le moment de bascule… que s’est-il passé entre 2011 et 2019 pour que je sois devenu dur de l’oreille ?

Je me souris à écrire ma dernière phrase… Je me souris souvent, c’est vrai. Ma vie est une succession de petites histoires racontées qui se tissent entre elles et qui font l’histoire des humains.