m’associer…

 

Ça vient d’association libre, de cette chose étonnante que le psychisme est capable de faire, de sauter du coq à l’âne, de penser à tout et son contraire etc.

 

Moi, dont la langue maternelle – celle que ma mère utilisait quand j’étais bébé – n’est pas le français, j’ai l’habitude d’écouter en français.

Le français est ma langue seconde, ma langue intime et ma langue professionnelle.

Ma langue maternelle est une langue plus familière, plus enfantine (pas infantile), plus personnelle.

C’est aussi, parfois, cette langue refuge, cette langue cocon ou doudou qui permet de quitter une langue d’adulte un peu trop violente, trop exigeante (et le français l’est, incontestablement).

 

Quand j’écoute dans la vie courante quelqu’un dont la langue maternelle et d’adulte est ma langue maternelle, je comprends, je suis, je ressens les choses naturellement. Peut être, avec une oreille teintée de l’enfance… Mais je peux suivre…

 

Quand j’écoute sur/dans ? mon fauteuil quelqu’un qui s’adresse à moi dans ma langue maternelle, je suis pluriellement mobilisé (le néologisme ici est par défaut). Je précise.

J’entends un mot, une image, un phrasé, une émotion qui résonne…

En japonais… J’en saisis le sens sur l’instant, mais pour certaines choses, mon oreille bascule en français (transcription ? traduction ? transduction ?) pour revenir juste après (traduction ? transcription ? transduction ?) en japonais.

Il serait incongru ici de dire que cette mécanique est « consciente » dans le sens de « je fais exprès ».

Non. C’est instantané, insensé même…

 

Cela me fait penser que parfois quand je parle français (les mots qui sortent de ma bouche sous forme de succession de phonèmes sont du français), je sens que je parle japonais.

Comme si, ma japonité s’exprimait avec des véhicules langagiers du français, comme un passager clandestin sur un bateau étranger sur une mer agitée.

 

C’est déjà fatiguant d’écouter en français ! Alors, que dire de ce vas et viens (étonnant d’écrire « vas et viens » et non « va et vient ») (for da – da for !) entre deux endroits si éloignés sur le globe en l’espace d’un instant !

 

Avec des imaginaires, des représentations si proches et si différentes, où je dois lutter pour trouver une altérité différente à un endroit si peu différenciable, sortir de l’indifférencié…

La langue de l’autre me renvoie tellement et si directement à la langue de mon enfance que je me sens tout a coup emprisonné dans mes propres émotions qui remontent à si loin et si près d’un lieu si loin !

 

Et paf, je me retrouve alors à rêver dans un mélange bigarré, métissé d’un flux multicolore et pluriphonique (pas polyphonique), voire même un peu euphorique…

 

I’m lost (and then left) in translation… again…