né nu phar(e)

 

Ça m’est venu comme ça, ce matin. Certainement parce qu’ils viennent de sortir « L’écume des jours », j’imagine…

 

Les nénuphars, comme le lotus par ailleurs, font des fleurs en puisant dans la vase et les eaux saumâtres et stagnantes des étangs…

 

La métaphore, par rapport à mon travail saute aux yeux, il est nécessaire de tirer de ces eaux là, une beauté fleurissante… Qui puisse leur échapper et s’épanouir ailleurs…

 

Les racines de lotus sont des tubercules qui, tranchées, permettent de voir qu’il y a des poches d’air pour leur éviter de sombrer dans la même eau vaseuse… En apnée, j’ai envie de dire, elles évitent de couler.

Ces mêmes racines à trous, donc, dégustées le jour de l’an dans mon pays, apportent une grande vision à son consommateur pour l’année à venir.

 

Mais le nénuphar ne m’est pas venu ainsi, comme une vision idyllique de mon exercice professionnel… Si exercice et devoirs il y a et au-delà correction.

 

C’est le fait d’être né nu, bon ça, ça me semble une grande lapalissade, nous autres mammifères terriens, nous naissons bien dans l’eau, comme avant nous les oiseaux, reptiles et poissons… Nous ne naissons pas habillés… Heureusement pour notre mère, j’oserai ajouter.

 

C’est quand le phar(e) s’ajoute au né nu que la métaphore se retransforme en moi.

Pourtant, j’aurais pu me contenter d’un far/d – comble de ma coquetterie -, piquer un phare/fard (voler ou rougir intensément ?), manger un far breton (le gâteau, je m’imagine mal déguster Le Creac’h…)…

 

Au creux d’une vague, j’ai hésité entre les deux images du far/d, je tapote sur un moteur de recherche et je retrouve que sur la RFP, « piquer un phare » est identifié au sens phallique et du signal… Et je ne peux m’empêcher de rire dans le métro dans lequel j’écris ces quelques lignes… Et voilà que je loupe ma correspondance et je me rattrape aux branches à la suivante, découvrant des couloirs inconnus à mes bonnes vieilles habitudes…

 

Bien sûr, cette envie d’être ce grand Phallus majestueux, affrontant mille et une tempête dans une mère déchaînée, signalant les dangers et éclairant la nuit sombre et menaçant… Je l’ai déjà entendu et je l’entends encore… Avec dans ce même abri, ce fantasme du père protecteur, ces jeunes filles naufragées et abritées dont j’ai déjà parlées ailleurs et qui, fracassent de dedans les parois épaisses de la tour…

Ou en résumant ainsi, comment lutter contre l’angoisse de castration et exister autrement qu’un phare… Far… Far a way, far west… Sans fard…

 

Et donc du coup, faut il que je pense que prendre racine dans cette eau sombre et menaçante, se méfier de l’eau qui dort, apporte la même image ? L’eau ténébreuse après la tempête ?

Might it be…

 

Pourquoi vouloir à tout prix être un père pour d’autres petites filles et vouloir les protéger de quoi ?

De leurs tumultueuses et ténébreuses fées maléfiques de mère cachées dans ces eaux troublées ?

Des mères déchaînées ?

Dans « Ponyo sur la plage », le dessin animé de H. Miyazaki, la déesse est la mère… De la mer… Je ne sais pas si l’auteur a conscience de ce que représentait pour lui la mère de la mer… Non je ne fais pas un syncrétinisme linguistique basique… Littéralement ce lien « mère de la mer » est un jeu de mots en français. Si je dis « mother of the sea », je ne retrouverai pas le même lien associatif. Sauf que lorsqu’on regarde de près le calligramme 母 (mère) et la mer (海), la mère est incluse dedans…

Y a les trois points de gauche signe de l’eau, le chapeau/cachez moi ce sein que je ne saurais voir en son seing (saint ?), et cachée au milieu, la mère…

 

Le lotus, au combien symbole du bouddhisme, est une plante vénérée… Au point même que l’on érige les statues de bouddha sur une fleur de lotus…

Bouddha émergeant de l’étang saumâtre des eaux troubles de la mère ? De sa mère et s’éveillant ?