cosmogonies et féminins

 

Cosmique.
Y a qu’un « s » en plus de comique et certainement plus simple de le penser ainsi sans « s ». C’est vrai n’importe quel bien pendant ne pense pas à la cosmique. A la rigueur à la cosmétique… Avec un trait d’accord « et » qui change tout.

Je sors de là, il fait beau, le soleil brille, le printemps pointe son nez. Il brille de mille feux, oui on sait, ça ne durera pas. Je veux dire dans le cosmos non plus, mais là, on a tendance à penser météo et les nuages qui rappellent que l’hiver n’est pas encore vaincu. A vrai dire ou à dire vrai, vaincre l’hiver n’est en rien qu’un pur fantasme humain de vouloir tout dominer.

Je viens de croiser deux petits esprits dans un magasin étrange où pierres et statues côtoient meubles et tentures… Un bric-à-brac « ethnico-multiculturo-bidules… » mais pleins d’une belle énergie éclairante…
J’adopte une petite représentation de bouddha en bois, un tantinet ancienne, figurative un peu décousue (oui il s’agit bien de bois et non de tissu…), un peu démodé j’ai envie de penser dans ce lieu branchouille.

Je quitte le magasin, je flâne un peu, je hume l’air du dehors avec son soleil de début de printemps et de début de montée de sève…

Aparté… Oui rappelons nous que nous sommes des mammifères dont l’une des principales caractéristiques est d’hiberner… Dormir quoi. Non, nous ne dormons plus, soumis au non délit qu’est aujourd’hui le travail au noir – on disait « travail au noir » au Moyen-Âge parce qu’il était interdit de travailler… A la bougie ! –

Bref, je regarde le soleil, l’effet du soleil sur les humains, sur les filles aussi…
Je continue mon bonhomme de chemin (bon, mon chemin de bonhomme aussi ?) et je me rends compte que j’ai oublié mon couvre-chef sur la commode du magasin bizarre que j’avais quitté quelques minutes plus tôt.

Crotte.

Pas le temps d’y retourner maintenant, faut quand même que j’aille bosser ! Alors j’appelle pour que mon couvre-chef ne change pas de proprio entre temps…

Puis un flash.

C’est elle qui m’appelle. La petite statue que j’ai hésité de prendre en même temps que mon bouddha.
J’avais longuement hésité et j’avais sous-pesé ma bourse en me demandant si je pouvais m’offrir la « paire » dissymétrique ou non.

J’y retourne. Chercher mon couvre-chef.
Puis je l’adopte. La représentation en métal de la divinité Tara… La passeuse, celle qui a permis le féminin d’exister dans le bouddhisme…

Ma cosmogonie est un métissage et non un amalgame anarchique de croyances étranges jetées pêle-mêle dans un sceau magique ou un chaudron.
Ma cosmogonie polythéiste accueille et accepte toutes les divinités…
De toutes les manières tous sont dieux… pour ne pas dire tout est dieu. Ce qui ne veut pas dire que Tout est Dieu, dans le sens du « tout a été créé par un Dieu ».
Si le sacré n’est plus, le symbole disparaît, se dissout dans le matériel et la « concrétude », néologisme amalgamé de concret et de décrépitude. C’est le sacré qui rend une pierre dotée de forces, c’est le même sacré qui rend la Nature si noble et si profonde. Sans sacré, serions nous alors devenus, pauvres petits prétentieux qui ne passons qu’au mieux un siècle sur Terre, des petits dieux… autoproclamés, fantasmes de toute puissante infantile ne supportant aucune frustration de notre existence ridicule.

En tout cas, mes petits esprits, s’ils avaient besoin de voyages, n’ont pas choisi leur sherpa par hasard.
Je vais les emmener là où personne n’aurait osé les emmener…

En regardant de plus près… Je me rends compte que j’ai adopté deux « tara » et non une seule… le Boddhisatwa en bois est une femme !