pourquoi faudrait-il se lever tôt ?

 

La vie est courte, c’est une certitude.

La vie peut être monotone, cadencée comme les bogies qui heurtent les interstices des rails.

Dormir, manger, aller au travail, travailler, manger, revenir, manger, dormir…

Quand le travail devient cette routine qui n’apporte que ce tempo là, un gagne pain aliénant, comment pourrait-on se motiver à vivre, continuer à repousser nos frontières ?
Quels sont les ressorts de notre psychisme qui font accepter cette aliénation… au détriment du plaisir de vivre ?

—–

La dame, elle est venue parce qu’on lui a dit de venir me voir. Parce qu’on lui a dit, elle fait, sans tenir compte que si elle le fait, il y a peut être quelque part un petit début de désir de quelque chose…
Et malgré ce petit quelque chose qui serait le début du désir d’autres choses, c’est moi, de mon fauteuil qui espère cela ? Qui pense cela ? Qui projette cela ?

Les professionnelles qui lui ont dit de venir me voir pensaient en toute confiance en leur âme et consciences que cela lui ferait du bien. Oui, parler de la demande, qui demande quoi, qui commande quoi. Non. Cela n’est pas mon propos.

Mon propos est nous poser ailleurs. Dans l’entre-deux, entre elle et moi, quelque chose qui lui permettrait de se mouvoir… un peu… rêver, peut-être… penser, subversif, mais tentant…

Aliénée dans une logique monotonale voire même monacale, elle tient l’ensemble de l’édifice psychique qui contient à son tour des fragilités psychotiques. Pourquoi vouloir alors à tout prix bousculer cet édifice ?

L’enfer est parsemé de bonnes intentions.

De quoi avait-elle besoin cette dame ? Je ne saurais dire. Je l’ai confortée dans son désir de modifier un peu son quotidien, de lâcher son devoir de rendre cet argent si chèrement gagné qu’elle doit rembourser et peut être par la suite, économiser.