mysticismes, hétérodoxies, expériences extraordinaires et psychopathologies

 

 
Ça aurait pu/dû s’appeler, « célestes, terrestres et psychopathologies… »

 

Freud, dit-on, n’a jamais voulu parler de « télépathie » dans son œuvre, d’autres en parleront mieux que moi. Je ne suis pas psychanalyste et je ne veux pas le devenir. Mon attrait de la psychanalyse n’a rien a voir avec l’exercice de la psychanalyse, cela ne reste qu’une de mes grilles majeures de lecture du monde…

 

Pourtant, force est de constater que mon polysémisme, polyformismes et polythéismes font que mon écoute est parfois cacophonique, multiphasique et polyphonique. J’en parle souvent car cela me travaille et quand ça travaille il est nécessaire d’en dire quelque chose.

 

Nous sommes peu nombreux à parler de nos associations qui nous viennent en séance, en route, en chemin, en train, en voiture, à la piscine, à la terrasse d’un café, au lit, sous la douche, la nuit, le jour, le matin, le midi, le soir…
Les associations, ces choses étranges liées entre les mots qui sautent, ondulent, dansent, scintillent, brillent, clignotent, se font à la vitesse de nos idées, à la vitesse de la lumière des ondes qui parcourent nos neurones dont les liens sont encore inconnus.
Il y a, avec l’entraînement, l’âge, l’expérience, bref, le temps, une célérité qui se développe dans ces liens étranges entre les mots les idées les images les représentations. Quantiques aussi où tous les états peuvent être présents au même moment où le plus peut être le moins, le noir dans le blanc comme le blanc dans le noir…
Sortir du cadre, étirer le cadre, ouvrir les fenêtres, provoquer les vas et vient/s…

 

La mystique fait partie intégrante de ce que je suis ontologiquement.
Mon humanité – je ne dis pas humanisme – fait que je suis mystique dans le sens où j’entends les symboles au-delà des mots, j’associe peut être au-delà du banal des croyances formatées/convenues.
Pourquoi l’œuvre de Miró me « parle » tant, sans que je ne puisse expliquer les choses de manière… Rationnelle ? Oui, cela m’émeut comme les œuvres de Gaudí m’émeuvent, comme les chants sacrés basques me font vibrer.
La beauté de la Nature m’émeut, le chant de la mésange qui se pose sur le bord de ma fenêtre me rend heureux, ces petits tiens de la vie qui scintille de sa lumière et qui en font des pépites éphémères mais si intenses…
Les patient-e-s m’émeuvent aussi, dans leurs désirs d’être aimé-e-s, dans leurs volontés de vie, d’aller au-delà de leur réalité dans le temps espace vie d’ici et de là.
Une part de moi dit quand j’écris ces lignes que je ne vais pas assez loin dans ce que je veux en dire. Cette part de moi pense que ces mots sont ce qui est possible d’être dits, d’être écrits et compris.
Pourtant, l’exercice de l’écoute permet de comprendre que je vais au-delà de cette écoute là, celle qui s’arrête au psychopathologique. Car qu’est-ce que la psychopathologie sinon l’impossible d’une société de concevoir possible l’a-normal ? Ou du moins anormal comme agir dans un espace temps non défini comme tel, inconvenant. Car réalisé lors de cérémonie définie par des règles pluriséculières, les actes les plus barbares peuvent être « normaux ».

Oui, je ne vais pas aller interroger ce qu’est la Culture… Ce qu’elle autorise et ce qu’elle n’autorise pas dans la construction de ce qu’est la civilisation humaine.

 

Une fois, une patiente m’a dit : « mais vous êtes fou ! » Et au moment où je l’entends je ne peux m’empêcher de sourire et de lui répondre : « oui… et donc ? ».
Les gens, défensifs, diraient que j’ai pété un câble en tant que « psy », d’accepter qu’une de mes patientes me dise que je suis fou.
« Qu’est ce que cela change ? »
D’ailleurs… Pouvons nous dire, nous, soi-disant spécialistes de la psyché, que nous ne le sommes pas ?
Certains – et ils auraient certainement raison dans leur raisonnement et leur monde – me parleraient de « neutralité »…
J’y ajouterai non jugement de la personne, la prise en compte de toute sa complexité. J’y ajouterai donc l’altérité et le respect du vivant pour conclure…

Oui c’est exact.

Parfois il faut savoir se taire…

Mais d’autres fois, il faut une parole engagée. Enragée même. Pour être là. Dans le réel, dans la vie, dans la société, le travail et faire œuvre commune…
Et je me suis éloigné de mon débat intérieur…