prendre sur soi ou contre soi ?

Je me dis ça, quand j’ai l’impression que les mots et la parole ne suffisent plus…

Parfois, j’ai cette impulsion profonde en moi que je ne mets bien sur pas en acte, le désir de prendre la patiente ou le patient (les patientes plus souvent que les patients…) dans mes bras.

Des moments où je ressens que les mots ne suffisent plus à contenir, à « porter » la personne en souffrance qui me fait face.

Le père, que je suis devenu grâce à la venue au monde de mon merveilleux fils, est, me semble-t-il, un papa poule, trop maternant peut être…

Bien sur, cela me rappelle la main tenue de Margaret Little par Winnicott, le contact corporel que s’est autorisé Ferenczi avec ses patients…

Mais c’est l’envahissement par l’émotion de la situation – je ne dis pas de la relation – qui me propulse vers ce désir de prendre l’autre sur mes genoux, de la câliner.

Je l’ai déjà écrit, j’ai déjà ressenti le désir intense, profond pour des patientes dont je ressens le désir inverse…

Mais là, ce n’est pas de l’ordre du désir sexuel, charnel, mais plus du maternel/maternant… Contenant…

C’est à ce moment là que je pense que je suis cette présence réconfortante, rassurante, au chevet du lit, visage illuminé par la lumière tamisée de la lampe de chevet, ombres sur le mur, chantant des comptines dans ma langue maternelle…

Cette présence calme, rassurée, rassurante, ce roc sur lequel on peut bâtir les phares… On subit les assauts, les déluges violents des pulsions de mort que l’on essaie de transformer en pulsions de vie, parce qu’il n’y a rien de plus précieux que le vivant.

Ce qui me semble aujourd’hui difficile, c’est de m’autoriser à chanter, à murmurer en mon fors (fort ?) intérieur, les comptines de mon enfance en séance…
Un peu, quelque part, comme cette dame dont j’ai parlé tantôt qui égraine grâce à son chapelet les sourates du coran…