je me défends comme je peux…

 

J’ai envie de la prendre dans mes bras, tellement elle est belle.

Toute sa personne s’est posée là, devant moi, sur cette chaise…

Tellement fragile, tellement douce, tellement présente.

Sa souffrance est profonde, elle me transperce autant que son regard me fait chavirer.

 

Elle égraine, toute retenue, des choses du quotidien au travail qui la font souffrir de plus en plus.

Qu’elle ne se reconnaît plus, qu’elle ne se regarde plus… des pratiques dont elle a honte de faire malgré elle, parce qu’elle ne peut pas encore faire autrement…

Que les choses ont tellement changé…

 

Moi, béa, j’écoute… Mais ma pensée divague, je ne sais plus où j’en suis, ce que j’écoute, ce que j’entends, ce que je ressens. Je suis transporté à mille lieux de ce bureau sur lequel je m’accroche pour ne pas décrocher et passer de l’autre côté…

 

Cela m’est arrivé, plusieurs fois, dans des accompagnements en groupe, d’être pris, par des sentiments profonds qui me saisissent… d’être touché par une émotion qui me vient de loin et qui parle tout seul… d’être envahi par la beauté d’un instant, par la sensualité d’une femme, par la pudeur d’un homme…

Mille fois j’ai éprouvé des sensations très sensuelles, parce que je ne peux pas rester de marbre, dans ma neutralité bien veillante…

 

Mais là… en tête à tête… C’est d’autant plus direct que les regards se croisent, que l’intimité se dévoile, que les choses se disent… Et courent…

 

Le contre-transfert, là, fonctionne si bruyamment que je ne sais plus comment le taire. Mais pourquoi le taire ?

Il m’aide à entendre, à associer, à différencier, à sentir, à l’accompagner.

Mais dans ce contre-transfert là, je lutte contre la confusion.

La confusion entre mon désir et mon envie de l’aider.

De faire le tri entre ce que j’entends de ce que je ressens et ce que j’entends de ce que j’éprouve, de ne pas être brouillé par les bruits parasitants…

 

Je me défends comme je peux… Et cela me fait sourire…