loin, proche, absent

 

Souvent je dis, clair-obscur, va et vient de la bobine, là, c’est plus le mouvement mais l’immobilisme.

Comme si le mouvement du balancier n’était pas de droite à gauche, de gauche à droite, perceptible, suivable… Non, c’est de moi à eux, d’eux à moi, mouvement en contre champ, en plongée, en one-way, U-turn forbidden.

 

Je ne me blinde plus face aux bêtas, j’écoute de tout mon saoul et ça me saoule…

Ça me saoule parce que je ressens la primitivité, l’infantile, la horde…

 

Renvoyer l’analyse… Quelle analyse ? Quand ? Comment ? Pourquoi ? Recevoir cette violence profonde, aider pour quoi ? Pour lever quoi ? La chose profonde ancrée dans le je ne sais ou de je ne sais qui de je ne sais quoi ? Travail de sape et de sous-terrain, l’infra  mouvant des sables mouvants où le jeu de quilles oscillent aux soubresauts du chien… Conflictualiser, les amener à, repenser, recycler… Non. Je suis parti. Je suis ailleurs, c’est insupportable.

 

 

C’est la torpeur. Il y a tort et peur. Avoir peur d’avoir tort…

Ce matin, je reçois une « consœur », à moitié consœur. Elle a découvert la psychologie du travail, elle est enthousiaste, elle veut travailler… Youpiiii ! Ca y est, elle est lancée à plein régime, opter pour quel « camp » ? les travailleurs ou les patrons ? les sales patrons qui tiennent le cordon de la bourse ? ou les travailleurs qui font semblants d’être malade ? pardon ? vous parlez de quoi madame ? de camp ?

Comme si, ce métier ? Travail ? Pouvait s’improviser, comme si, tout cela pouvait être facile, sans aucun apprentissage, sans aucun recul… Avec pour seul bagage, nos angoisses existentielles… Avec nos ridicules certitudes qui sont bâties sur des sables mouvants, énervements et éternuements quand il ne s’agit pas de s’apitoyer sur son sort…

 

Oui, je suis parti, mon cœur est parti, mon âme est là bas, chez moi et exister ici finit toujours par m’emmerder.

 

 

Mon esprit s’est fait percuter là où les choses s’enlisent, réalimenter la vie, rappeler la vie a l’ordre…

C’est quoi cet influx mortifère et d’où vient il ?

Stupéfaction stupeur… Ce tue peur ou se tue peur ? Putréfaction morbide, quelque chose se vide en moi, épuisant et épuisé dans une absence notoire, incapacité à me lever, à me mobiliser, à me mouvoir dans cet espace temps, comme si j’avais été volé, violé, violenté, dans cette impossible échange et circulation où tout est coupé, scindé, tranché, guerre des tranchées, boucherie mais la déflagration, d’où part-elle ?

 

 

Étincelle, détonation, déflagration. Destruction. La pensée est rompue, elle ne dit plus ce qu’elle a à dire, elle ne se mouvoie plus.

 

 

Mon intellect me permet de comprendre mais la traversée est dangereuse, je ne sais ce qui m’attend. Qu’est ce qui se tapit dans cet écran de fumée, dans la tort-peur ? Qui a tort ? Qui a peur ? Quelle est cette chose qui, en faisant effraction dans cet endroit a provoqué cette explosion déflagrante, flagrant délit, délictueuse qui fait que la relation s’est délitée… Inexplicable, inexpliquée, non interprétée parce que trop violente et ainsi, le secret reste toujours le secret, le rejet de la maladie, de l’effondrement, dans cette opposition des stratégies de genre, pourquoi les filles pleurent et les mecs ne doivent pas pleurer ?

 

 

Quelques heures après, une éclaircie.

Chercher ce à quoi cela me renvoie, me renoue, me délie et me relie.

Sortir du damier noir et blanc, trouver un chemin de traverse, aller sur le terrain des autres, revenir sur son île, chercher à gagner du terrain. Où vais-je ? ne pas me poser la question.

 

 

Le mouvement est brutal, brusque, la même vigueur avec laquelle je me suis fait envoyer paître… Puis, ressortir la tête de l’eau, reprendre son souffle, sortir de là où les autres qui projetaient cette chose diffractée – oui, elle l’est ! et au combien elle est mortifère, non… morte… non… assassine.

 

 

C’est lorsque je me fais assassiner par l’autre, que les projectiles me percutent là où je ne veux pas aller, que je me retrouve, K.O. (on dit bien knock-out – se faire sortir, knock-down, se faire descendre…) 

 

Ouf… c’est fini. Je suis revenu.

 

 

Plus tard, bien plus tard, une dame m’expliquera ce qu’elle a vécu de cette rencontre, comme un nuclear meltdown… un accident nucléaire… Je ne sais ce que veut dire nucléaire pour elle, mais cela me semble proche du concept de famille que du concept travail…

 

 

Ce texte mérite bien un petit commentaire…

Je l’ai écrit en sortant d’une séance en groupe d’intervention de psychologie du travail… Je ne reprends pas la métaphore bourdieusienne de la sociologie est un sport de combat, je l’ai déjà écrit avant…