de bon matin…

 

Le café est rempli d’odeurs entremêlées d’aftershave plus ou moins élaborés des hommes en costumes. Quelques dames travaillent dont une qui écrit sur son PowerPoint ce qu’elle doit certainement présenter dans la journée.

 

« La tendance naturelle de l’être humain est d’enfreindre les règles par paresse.
Il faut donc des outils de sécurité basée sur le couple récompense contrainte. »

 

Dans ma mémoire récente, une brève lue sur l’écran plat du café.
« José Mourinho (entraîneur de l’équipe de football du club de Chelsea, Londres) a six mois de retrait de permis pour avoir fait un excès de vitesse avec sa Jaguar. »

Je me demande si l’entraîneur aux 4 ou 5 ligues des champions a enfreint la Loi britannique du code de la route par paresse.

 

C’est l’éternelle opposition débile avec ce retour en force de la conception terrifiée de l’erreur humaine, de la croyance absolue que l’opérateur humain est « LE » maillon faible des systèmes imaginés et inventés par d’autres humains… sous entendus, cela sont très intelligents et surtout, sans erreur…
Comme si notre imaginaire ne pouvait comporter de failles… Il est certain que les failles 0-day comme les informaticiens le disent si bien n’existent pas… Tout comme les vers informatiques voire même les algorithmes autogénérants.

 

Le contrôle des autres par certains, ce fantasme si profondément ancré dans le désir absolu, ce contrôle de masse par une poignée de sachants… Rendons cette masse aveugle, consommateurs… et les borgnes seront rois.

La simplification de la pensée fonctionne, car tout être humain peut se reconnaître dans la présente assertion citée plus haut..

Enfreindre la règle… Quelle jouissance d’avoir caché des choses aux parents, d’avoir fait des « bêtises » sans être attrapé par les surveillants, d’être résistant, contestataire avec, dans certaines organisations du travail, une vraie usure et une dépense folle d’énergies…

La paresse… Ah… Ces êtres humains qui ne travaillent pas assez, pourquoi tu n’as eu que 12, tu aurais pu avoir plus, arrêtes de traîner comme ça sur le canapé, l’oisiveté de ces corps roules sur le sable blanc… Vilains humains qui ne travaillent pas… Qu’il faut punir et redresser…

Du coup, il faut contraindre par la récompense… Les humains sont devenus des êtres hédonistes qui ne voient que la récompense, kinder surprise, prix bonux, carte de fidélité… Bon de réduction…

 

Tout le tableau fantasmatique est là dans cette insidieuse conception de l’homme, une épistémologie qui évacue le plaisir de tout un chacun à bien travailler, à faire de belles choses et à lutter contre ses propres dérives psychiques…
C’est tellement plus « simple » de concevoir l’être humain comme un amas mal fagotté de nœuds neuroniques réduits à des stimuli parcourant des circuits dont on ne sait pas saisir toute la complexité. Les neurosciences avancent et c’est une bien belle chose…

Mais là, sur ce PowerPoint, c’est la bêtise humaine qui s’affiche dans son désir tellement hypermoderne de virer les symptômes, les carences, les malformations, les maladies, les handicaps, la vieillesse, les étrangers… et les réduire à ce qu’il faut exclure. Tant qu’à faire, pourquoi ne pas provoquer un eugénisme définitif ?

 

Pense-t-on parfois le monde que nous lèguerons à nos enfants ? Peut-on se penser dans l’instant quand on pense a nos enfants ?