kaléïdoscopie misanthropique

Il m’arrive d’animer des groupes d’analyse des pratiques professionnelles.
Des professionnels exerçant le même métier ou travaillant sur un même lieu professionnel se réunissent volontaires pour analyser et mieux comprendre leurs pratiques… Et « normalement » pour « penser » et « prendre du recul »…

En général, jusqu’ici, même si cela prenait de temps a démarrer, les groupes sachant l’objet du lieu, se « lançaient » dans la présentation d’une situation professionnelle compliquée ou « chargée en émotions », ce qui permettait a chacun de « penser » pour soi et les autres ladite situation.

Cette « circularité » des penser et son mouvement permettait de trouver de nouvelles ressources non soupçonnées ou « oubliées ».

Ces derniers temps, sous d’autres cieux, je suis confronté dans ces espaces a des exigences consommatrices de prêt à penser, des attitudes apathiques et attentistes… Voire même des professionnels qui commencent a textoter en pleine séance…
Toute trace de pensées ayant disparu, reste une famine intellectuelle déserte, laissant libre cours a toutes les dérives sectaires et manipulatoires possibles…
Voire même, famine y a-t-il vraiment ? Peut-être même pas !
Non je suis mauvaise langue…
Je suppose qu’il y a une faim quelque part… Mais elle reste inavouable… Indicible… Sinon pourquoi ces professionnels viendraient volontairement la ? Pour s’y ennuyer ?
Alors qu’est ce qui est indicible ? Quelle est la part de risque ?

Il y a toujours un risque a parler de ce que nous faisons. Révéler l’intime, oser montrer, oser dire ce qui ne va pas ou ce qui va, oser porter une parole…

Mais nous sommes réunis pour cela.

 

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Analyse des pratiques sans pratique ?
Prêt à penser, le travail en kit, le packaging, les procédures…

Penser est un acte de résistance.
Penser est un acte d’existence.
Penser est un acte de désobéissance.
Penser est un acte de puissance.
Penser est un acte de transe.

Rêver est libératoire,
Rêver est aléatoire,
Rêver est un laboratoire…

 

Mais p… de m…., pourquoi réclame-t-on la pensée (alors bien évidemment, penser c’est à dire l’agir de la pensée n’est plus possible…) en kit, râlant et pestant contre ce qui nous résiste, cette part de soi-même qui est restée en enfance ?

Comme si, tout pouvait être contrôlé, estimé, anticipé, tenu, calculé, manipulé… Comme si, rien ne pouvait nous échapper… Comme si, Un Dieu tout puissant pouvait dicter la Loi, le Chemin et que seul celui qui est éclairé peut être emprunté…
Or, même si cela nous coûte, il est toujours possible de penser par soi-même et d’aller au-delà des convenances, du trop familier devenu trop inquiétant, du pas assez inquiétant pour devenir semblablement a-normal…
Penser par soi même c’est devoir assumer de s’affirmer, de dire non, de lutter contre sa propre existence…
Penser par soi même c’est aussi accepter d’avoir des responsabilités sur sa vie, de se défaire de ses carcans…

 
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Oui, j’en ai marre des bouddhas en kit… vendus dans toutes les boutiques « essnik » (notez ici l’accent américain).

Une société en pertes de repères, qui se réfugie dans le prêt à penser, se drape de fanions importés, des bouddhas en kit apportant la « moi-disante zénitude »…
Je ne m’attarderai pas sur la « zen »-attitude que toutes les agences de marketing souhaiteraient nous vendre…
Avec les « codes » européano-ethniques chargées d’exotismes proto-pro-asiatiques…

Les représentations sculpturales des « bouddhas » pullulent et envahissent nos environnements… de travail et de vie. Servant de cendriers, lampadaires, à la manière des Caryatides des immeubles néo-grecques…

A-t-on déjà vu une représentation sculpturale de Jésus-Christ vendue sur un étal de marché servant d’Atlante à un cendrier ?

 
Où est passé la part du sacré et du respect de celui-ci ?