魔あたり

 

« Ma-atari ».

 

Non, ce n’est pas mon Atari ST (que je n’ai, d’ailleurs, jamais possédé) au féminin.

C’est ce que les japonais disent  lorsqu’ils sont frappés de plein fouet par des « ma » (魔) dont il ne faudrait pas traduire ici par « diable » mais plutôt par « diablotins »… Ou feux follets pourrions nous dire, ces étranges choses « vivantes »…

 

Quand elle est entrée la première fois dans mon cabinet, qu’elle s’est assise devant moi, j’ai vu ses yeux.

Des yeux luisants de mille feux blancs bleus, bleus cristallins… Sur un visage de femme caribéenne, une belle femme, sans âge.

Je ne comprenais pas pourquoi elle venait avec tous ses sbires derrière elle, horde sauvage apparu de nulle part, prête à se déferler sur la plaine morne de mon minuscule cabinet.

Des gros malabars, énormes, difformes, menaçants, armés jusqu’aux dents.

Ils ont déferlé, je les ai accueillis – comment aurais-je pu faire autrement ? – je savais qu’ils souhaitaient trouver leur dernière demeure…

Après m’avoir malmené, maltraité, traîné dans la boue, renversé dans tous les sens, heurté, pénétré… Repus et confus devant autant d’inconsistances, ils se sont tus, assis dans un coin, comme de fidèles chiens au garde à vous.

Il n’y avait pas d’ennemis, mes assaillants avaient été vaincus par mon accueil et ma passivité sans limite.

 

Ce n’est que plusieurs mois plus tard, après avoir traversé moults jungles et mer(e)s déchaînées que j’ai découvert au fond d’une vallée, la T(c)averne des Origines.

Ligotées aux murs froids, sans lumière, les yeux rougis par l’éternité, trois femmes s’entretuaient à coups de dents.

 

Son arrière grand mère maternelle, sa grand mère maternelle et sa mère… Toutes, in-ces-tueuses.