châteaux de sables

 

L’été, sur les belles plages de sable fin, les enfants, plus ou moins grands, construisent des châteaux.

 

Moi qui suis resté un éternel enfant, fabrique à la main ou avec des sots ? sauts ? Seaux ? Sceaux ? ces constructions étonnantes et lumineuses qu’éphémères…

 

Comme il fait beau, que l’eau est chaude et douce, que ce sont les vacances, que les humeurs sont détendues, je me laisse aller à mes rêveries estivales, chaque pelletée m’aidant à recycler les mauvaises ondes reçues au cours de ces longues heures à écouter la barbarie humaine et à en être témoin… Pas si impuissant que ça, nous verrons ce point une autre fois.

 

Les temples bouddhistes, certains, ont des espaces dédiées au sable, construction fragile mais si parfaite, les moines tibétains pratiquent aussi cette éphémérité (éphémère rite).

 

La, je gratte le sable, je remplis un saut et je le retourne vivement pour que cette chose compacte retombe fermement sur terre.

 

Quand j’observe la pratique des autres enfants de tous les âges, certains construisent au ras de l’eau. D’autres assez loin de l’eau en érigeant des grandes tourelles protectrices. Rares sont ceux qui bâtissent dans l’eau, face aux vagues, face au doux balancement de l’écume.

 

Pourtant, c’est la, dans cette chose absurde, celle du recommencement que je trouve les plus beaux instants éphémères. La mèr(e) se retire quelques instants, découvre un terrain lisse et nettoyée, j’y plante mon s(c)eau plein de sable. La vague revient, engloutit parfois l’intégralité du bloc. D’autres fois, elle grignote par léchées successives, mais finit toujours par faire disparaitre, laissant pour une durée incertaine, la trace d’un monticule éphémère.

 

Puis, celui-ci aussi, disparaîtra si, demain, je reviens à ce même endroit.

 

Il y a des jours, comme aujourd’hui, quand il pleut, il fait froid, il fait gris et que je ne me sens pas d’y aller – à la guerre ? Je ne suis pas un vas-t’en-guerre !, je me vois, bâtissant de frêles monticules éphémères sur le sable fin et doux, face à la douceur tendre des écumes qui vont et viennent de l’Océan… Et malgré leur douceur, leur tendresse, leur chaleur, l’inéluctabilité est là, celle de vouloir à tout prix bâtir là, en zone inondable, ce château de sable dont, il est vrai, la sculpture par les vagues est d’une splendeur inespérée.