mes doux leurres et angoisses « intestinent »…

 

Les vies serrent, s’expriment à travers moi en se dégorgeant.

En ce moment, mes mots ne sortent plus, ils me jettent des sorts qui n’en peuvent plus.

 

Les bouleversements dynamiques de mon psychisme sont les fruits de toutes les recompositions et des conquêtes sur des contrées déjà visitées il y a si longtemps.

Un éternel recommencement.

Le mythe du Sisyphe n’est jamais très loin.

 

Je n’ai jamais su me perdre (géographiquement parlant), j’ai toujours besoin de me situer par rapport à ces contrées qui me contrent en ce moment de manières si fortes et si brutales…

 

Passer une fois sur un chemin, y revenir des années après, me retrouver.

C’est tellement ennuyeux…

 

Au lieu de m’émerveiller d’autres émotions comme la redécouverte, la mémoire des temps heureux, c’est l’angoisse de ne pas ça voir me si-tuer qui l’emporte.

Si je ne me si-tue pas, où vais-je ? Plutôt, où irais-je ?

D’autant qu’y arriver sans me perdre est tellement ordinaire chez moi que je n’en tire même plus du plaisir… Même mes proches en sont blasés…

Comme si, le chemin du passé ne pouvait/devait pas être oublié.

Comme si, le « par là je suis venu » devait être consigné, gravé sur/dans le marbre, me si-tuer là au lieu du ci-gît.

 

C’est quand ça s’exprime à travers le corps que cela m’interpelle. Soma, psychosoma, soma psychique, je ne sais plus où me si-tuer…

 

Ce que je ressens est réel, qu’il faut toujours lutter pour ne pas s’effondrer, qu’il faut se battre pour survivre, c’est à dire dépasser le vivre, – on ne dit jamais « sous vivre », allez savoir pourquoi… -, ou aller au-delà du vivre ?, qu’en sais-je ?

 

C’est aussi le moment où l’imaginaire (mes doux leurres) ne me permet plus de m’y réfugier, parce que la réalité me rattrape et que je ne peux plus me raconter des histoires… – de ce lieu magique à jamais perdu mais qui reviendra si je me souviens encore du chemin du retour mais dont j’ai oublié à jamais la porte d’entrée/s-ortie, celle bordée d’ortie-s maléfiques… –

 

Quitter sa terre natale, chanter la « terre natale » comme si le retour permettait de revivre les temps heureux, à jamais disparu.

Ma chanson préférée dit : 志しを果たして、いつの日にか、帰らぬ。

(kokorozashi o hatashite, itsu no hi ni ka kaeranu).

« Ayant accompli mes désirs, le temps a passé et je n’y retourne pas. »

 

Où suis-je né ? Où je est né ?

Où vais-je ? Où je va ?

 

Et là se pose les questions du sens… Des sens… Des contresens… Des sens-a(c)tions…

Aller vers où/ou revenir ? Repartir ? Y retourner ?

 

La question des origines… La quête des origines… La source… D’où viens-je et/ou plutôt, quel hasard m’a conçu ?

La rencontre de deux gamètes comme de deux galaxies, cette chose étonnante qu’est ce choix… De deux petites cellules…

 

Un bigbang ontogénétique et par conséquence, phylogénétique… Cette conception comme une répétition d’une genèse qui reproduit (c’est le cas de le dire…) à l’infini tout ce que l’évolution a pu emmagasiner ?

 

Impossible d’en éprouver l’entière sensation.

 

L’origine est quelque chose d’inimaginable, d’inconcevable, d’impossible à figurer…

 

Et cette quête est infinie. Le pour-boire est interdit, si c’est pour manger, ça peut aller.

 

Toutes les métaphores buttent sur cette palissade lapalissadique (sadique, ça dit que ? Ça dit queue ?), allez vous faire foutre, rien à voir, laissez passer votre tour…

 

Mon imaginaire butte sur la métaphore de l’origine, celle du début où même les concepteurs eux-mêmes ne peuvent avoir cette conscience…

 

« Ça » agit seul.

 

Et c’est tout le paradoxe…

 

J’ai tourné en rond et j’en arrive là. Je me suis frayé un chemin dont je garde bien évidemment les croisements…

Mais je ne sais pas si je peux refaire ce même chemin dans l’autre sens…

Pourtant, le paysage doit être joli à regarder dans une autre perspective à un autre moment de la journée…

Si je ne me tue pas à me si-tuer…

 

Wo Es war, soll Ich werden

Viele danke, Dr Freud…