quand le temps perd son « s » et adopte un « o »…

 

Le temps est changeant en ce moment.

Il passe de ma tempe sous forme de perles à ma sueur sous les rayons du soleil.

Le matin je pars avec un pull, un foulard en coton, le soir je reviens en t-shirt.
Le temps d’aujourd’hui, indexé sur le chronographe et non le chronomètre (il faudrait certainement inventer le chronologue, celui qui ferait des chronologies son métier), me semble linéaire. Le matin précède le midi auquel succède le soir et la nuit arrive après. Puis l’aube, les rayons du soleil qui enrobent les murs de couleur carmin, lève le bleu de l’azur… Le printemps laisse sa place à l’été.

 

Elle me parle de blocage.
Bloc-âge.
En tout cas j’entends ça. J’entends derrière cette plainte du travail au travail, un bloc-âge.
Elle ne grandit plus.

 

Théoriquement parlant, c’est tellement facile d’affirmer : « le temps psychique ne peut être indexé au temps chronologique. » C’est vrai.

C’est tellement vrai que le tisserand que je suis ;
à défaut d’être le passeur que je suis par ailleurs ;

voire le phare dont j’ai déjà parlé à plusieurs reprises,

s’emmêle dans le rythme du tempo.

 

Ça y est.

Le temps a perdu son « s » et à acquis un « o ».

Le temps n’est plus, il est maintenant tempo.

Mes métaphores musicales sont parfois étonnantes mais après les couleurs de mon écoute, avec la coloration que les émotions prennent dans l’impact des dires, j’entends le rythme.

Le tic tic de la montre,

– qu’est ce que cela me montre ? J’en souris. D’ailleurs, j’ai horreur de ces mon(s)tres au coeur de quartz, moi qui affectionne tellement les « trotteuses » automatiques… –

ce petit truc dont je sais que l’emballement me signifie quelque chose de particulier, quelque chose s’est produit, quelque chose est advenue.

Le fil du temps s’est brisé, rompu, il doit se renouer ailleurs, comme ces têtes synaptiques qui se décollent d’un neurone pour aller vers un autre, mouvement de constitution et de déconstruction de la mémoire…

 

Dans la brèche du temps qui file, dans cette rupture du rythme, dans la dysharmonie, peut s’engouffrer une temporalité qui dépasse l’entendement…
Il paraît que dans l’Univers, dans notre Cosmos, il y a des temps infiniment petits qui peuvent contenir des temps infiniment grands.
C’est ça. Un trou noir psychique et temporel.

 

tic tic.

 

Le retour à la rythmique normale, à l’arythmie j’ai presqu’envie de dire… Qui ne fait qu’appeler la patience… Cette chose étonnante qui est corrélée au « non-dire » à l’indicible inaudible de/pour l’autre.

 

Son bloc a été posé, elle a lâché son bloc-note et elle s’est mise à rêver.