traverse(r/ée) – va(s) et vien(t/s)

 

Étonnant calme, douceur de chanter, troublés ils soufflent.

Entre souffler et souffrir, seulement, une lettre diffère.

Le passage du R au L, ou du L au R, dans ma langue maternelle est insignifiant car le R roulé n’existe pas et se prononce « elles »… ah, elle/s !

 

Elles ou elle ? Qu’en sais-je ?

Toujours est-il que lui, au moins, sourit. Parce qu’il s’est décalé d’une place, qu’il a l’impression de céder sa place, se faire plaisir, plaire à des jeunes femmes venues d’ailleurs qui se demandent où elles vont…

Ah… La magie du métro.

 

La dame asiatique qui hurle dans son téléphone… Heureusement que je ne comprends pas… Sinon je vais lui enlever son appareil sonore…

 

J’ai toujours aimé, même quand je suis épuisé, ces moments de transition, de translation, ces lieux où le mouvement fait lieu. Les voyages intérieurs au cabinet comblent ces mouvements de vas et viens, for Da, Da for, ach…ja!

 

Moi aussi, je me retrouve à certains moments, patient, bien évidemment, sinon comment pourrais-je devenir psy ? Voire, continuer à… Être ? Exercer ? Devenir ? Me mouvoir ? Rêver, jouir, penser/rêver ?

Le pire, ça serait de continuer à faire psy, ce qui arrive plus que souvent  – enfin je le pense vraiment ! – à certains.

Et soigner, ça n’est pas forcément être un soignant, mais soigner tout court. La question de la clinique n’est ce pas ?

Traquer le vivant là sur le séant, même lorsque le vivant ne semble pas être là, même dans le désert la vie existe et heureusement que la vie lutte contre la mort…

 

La mort.

Elle rôde partout, Barbara le chante si bien, n’est ce pas ? Oui, elle rôde parce qu’elle est toujours plus forte que la vie… Parce que la vie est limitée et la mort, infinie. Mais la vie l’emporte par sa capacité à se renouveler et à se multiplier… Et à se transmettre, à muter, à transformer… Mais cette mutation, transformation, transmission ne se fait jamais dans la douceur mais dans la douleur (tiens, nous sommes passés du C au L cette fois ci…).

 

La dame à côté de moi, transporte son chat noir dans un sac. Mon voisin feuillette des papiers administratifs de santé je crois…

Les temps sont durs…

 

« La mort rode et je ne dors plus. »

Combien de fois je me rends compte à quel point la mort peut nous angoisser, à quel point le noir peut nous disperser, disparaître…

 

L’angoisse est tellement présente, je vois cette petite mésange qui vient picorer sur le mangeoire, faut manger pour vivre mais faut être inquiet pour sa survie, éviter de se faire attaquer par un chat, un faucon, un corbeau que sais-je ? Être sur le quivive (qui’ vive !) ancré dans notre généalogie, les hommes ont toujours voulu dominer les éléments… Et tout ce qui les angoissent… C’est quand même mieux le confort du chauffage central que le feu qui crépite au fond d’une grotte… Quoi que… Mais on vivait moins longtemps dans ces temps là…

 

Le jeune homme passe, lance à la cantonade « photo » parce que mon téléphone avec lequel j’écris est dirigé vers lui. Il faut bien exister et montrer/dire que l’on existe. Se sentir persécuté aussi par l’objectif…

Il passe, l’odeur d’alcool et de fin de soirée le suit, je ne relève pas. La porte lui résiste deux secondes, il peste… Il empeste et il peste. Il ne manquerait plus qu’il pe(s)te. Une vraie plaie.

 

J’arrive au restaurant, pour le midi, la serveuse est nouvelle mais je la connais comme cliente. Elle est japonaise.

Elle vient vers moi, je la salue avec ma langue maternelle, je lui dis ma commande… La patronne, étonnée, « ah mais c’est que vous êtes donc japonais. » Oui. Instant étonnant où je suis projeté dans une proximité langagière et culturelle avec la jeune japonaise et moi dans mon existence qui se résume pour cette patronne à : le Psy du CG. Cela me fait sourire.

 

Le train du retour n’est pas un direct pour Paris.

Avant le premier arrêt, le train est vide, je m’installe tranquillement dans une place libre de toute présence. À l’arrêt, une voix autoritaire me dit : « C’est ma place. » Rien d’autre et très contente de virer cet intrus qui a osé occuper « sa » place. Revenant à ma place assignée par l’ordinateur, voilà que se présente mon voisin. Si je pouvais disparaître pour qu’il puisse atteindre son siège, cela le comblerait de bonheur. Malheureusement pour lui, le réel lui résiste. Ma voisine s’était endormie et occupait les deux places d’en face… De laquelle elle ne peut s’extraire immédiatement. Attendre quelques minutes que l’autre dégage devient pour le monsieur (d’un certain âge il est vrai) un calvaire son nom. Enfin assis, il souffle comme un cheval ayant parcouru la moitié de la terre avec les fesses d’Attila sur les hanches.

 

Le matin dans le métro.

Grain de sable classique de « panne de signalisation ». Il fait froid, ça bloque. Il fait chaud ça détraque. Il pleut, ça glisse… Bref tout changement fait mal et paf, la rame est pleine. Pourtant y a une rame toutes les deux minutes…

Et le fait, que la rame soit pleine, provoque des mouvements de foules étonnants. Les uns vont vers l’avant, à la recherche d’une hypothétique place, d’autres vers l’arrière, bousculent les uns et les autres… C’est un mauvais ballet, le tout entrecoupé de coups de fil intempestifs et de musiques criardes, quand ce n’est pas le dernier chansonnier avec son accordéon désarticulé ou le sans abris qui déverse sa colère face à la masse silencieuse.

 

La voisine, elle lit le dernier livre à la mode.

Si j’ai bien compris, ça parle d’une relation sulfureuse entre un patron et une assistante. Une relation basée sur le sadomasochisme. Il a d’abord été un webzine et est devenu un livre en trois volumes. On sent que la lecture la captive mais aussi qu’elle cherche le regard des autres sur elle. Un peu sulfureux de lire un best-seller si sulfureux ?

Tellement jouissif de lire un livre porno, (oh, pardon, ça n’en est pas un, c’est un best-seller !), en public… avec comme décor des publicités qui défilent et qui vantent les relations extraconjugales ou d’adopter un mec

Que cherche-t-elle dans ce best-seller ?