yeux bleus, cheveux d’or

 

Je ne pouvais pas oublier ces yeux bleus.

Cristallins, bleus azur comme ces glaciers vierges, froids mais d’une profondeur inouïe.

Un bleu, pas turquoise comme peuvent révéler les eaux chaudes du sud, non, un bleu glacier.

 

Un visage d’enfant, pas encore femme, encore jeune adolescente, un peu perdue face à la dureté du monde, égarée, échouée.

Pupilles dilatées, l’iris perçant, sa douleur me transperce, douleurs qui la traversent, et moi en face, contenir, nommer, évoquer, deviner.

 

Elle sait pourquoi elle doit être là, venue de son propre gré, contre vents et marées, vents du Nord tourbillonnants tel un blizzard tranchant venu de Sibérie.

Le froid contient avec cette banquise bleue cristalline, la grande marée, le tsunami intérieur.

 

Elle ne pleure pas, elle sanglote, chaque goutte qui perle est une tranche arrachée à la moelle de sa vie, chaque goutte est rouge vif, acide sulfurique lacérant sa peau comme le fouet.

 

Ce bleu me fige, ce bleu me glace, ce bleu orné d’or.

 

La vie revient quand son bleu m’échappe, quand celui-ci ne me fige plus, quand je rêve à ce renard des neiges flairant la piste d’un lapin blanc dont seuls les yeux rouges vifs l’amèneront peut être à sa mort.