j’aimerai que vous me branchiez…

 

Oui, il ne s’agit pas d’une demande faire à un électricien qui vient installer un lave-linge à son domicile.

Non. Non.

Je n’ai pas encore ouvert une Clinique du lave-linge comme d’autres créent des cliniques de l’aspirateur…

 

Cela faisait quelques semaines qu’elle n’avait pas pu venir.

Elle est arrivée dans la salle de consultation avec un regard triste, gris, terne, sans vie.

Je la reçois, je m’inquiète, je l’interroge sur les derniers événements…

 

Les choses sont rentrées temporairement dans l’ordre, elle a retrouvé un poste, un peu de travail…

Mais tout est tellement fade, tellement sans saveur, tellement peu excitant.

 

« Ça ne m’excite pas. C’est bien c’est vrai… Je sais que ça me fait du bien… Mais c’est plat… »

 

Elle a eu l’habitude de travailler à 150 à l’heure, jour et nuit, nuit et jour, tombée dans une joyeuse hyperactivité comme une fuite en avant, un emballement sans limite… Et là, elle se retrouve à faire ses heures, à compter les minutes, à faire un travail « normal » (qui rime avec banal), avec des gens à peu près « normaux »…

Et, il lui manque un truc.

 

Elle me parle des différentes pistes que nous avions déjà explorées ensemble, certaines s’enfoncent dans les forêts denses qu’elle n’ose y pénétrer, d’autres aboutissent à des murs dont elle ne veut pas faire le tour, bref, les choses restent en suspens.

 

Tout d’un coup, au détour d’une anodine anecdote, sa langue fourche : « J’aimerai que vous me branchiez. »

Ce à quoi en riant je réponds, au tac au tac : « Oui, mais très volontiers… »

D’autant que c’est une très jolie femme…

 

Devenue rouge pivoine, elle est déstabilisée… Elle ne sait plus comment rester calme, elle triture son foulard, elle s’attache pour la n-ième fois ses cheveux…

Et voilà que la vie pointe son nez, chassant le gris à coup de rougeurs impromptus, elle me parle avec la même vivacité qu’avant, elle revit…

Ou, je me demande, que fuit-elle ?

 

Je ne sais pas à quel genre de so(i)nges elle aimerait que je la branche, je ne sais pas sur quel genre de pistes elle souhaiterait que je l’accompagne, mais ce sont des situations dont seule la Clinique est capable de nous offrir et nous faire expérimenter.