la petite qui court…

C’est le matin aux aurores que je la vois.

Toute petite, frétillante, pétillante, évitant les nombreuses obstacles dont elle connaît tous les secrets, vive, rapide, elle court, elle court, elle court.

Pourtant au loin, un bruit sombre la rappelle au Grand Danger… Cette grosse machine qui fonce vers elle avec un vacarme insoutenable qu’elle doit se ratatiner contre les parois qui la protégeront cette fois contre le Grand Danger.

La Mère lui a appris qu’il ne fallait pas s’y frotter et surtout, ne jamais s’approcher de Là-d’Où-jaillit-La-Foudre, cette Table Infinie dont les Anciens parlent, cette Table qui a le pouvoir de faire mouvoir le Grand Danger et sur laquelle le Grand Sorcier est mort en faisant sa dernière révérence, cette Danse de la Mort de l’Au-delà du Temps…

Puis, y a les Autres, ces choses bizarres qui se pressent sur le Monde d’En Haut, qui vont et viennent, qui partent le matin, qui reviennent le soir.
Puis ceux qui restent la, figés, coincés sur cet univers toujours en mouvement, qui émettent aussi des hurlements sauvages à la faire trembler de tout son corps…
Puis, y a cette Voix, cette Voix qui annonce le Grand Danger, cette Voix qui ressemble aux hurlements des Autres…

Elle est toute petite, camouflée sous sa robe totalement adaptée à son environnement, courant courant courant entre les interstices…

Ma rêverie, pleinement métaphorique, s’est arrêtée là, brusquement interrompue par une annonce stridente :
« Mesdames et messieurs, le trafic sur la ligne 9 est interrompu pour une durée indéterminée suite à un accident voyageurs. »

J’étais sur le quai, regardant cette toute petite souris qui se faufile entre les rails, coincé entre ce spectacle de survie d’une beauté absolue et une affiche d' »‘adopterunmec.com »

écrit sur le quai d’une station de la ligne 9.